13h40, nous quittons l'hostal. Nous sommes 16 touristes, beaucoup de jeunes, pas d'autre famille. En fait, depuis notre arrivée au Pérou, nous n'avons rencontré qu'une famille, avec des enfants bien plus âgés !
Nous sommes conduits en minibus jusqu'à l'entrepôt.
L'équipement du parfait mineur nous est fourni : pantalon + veste, bottes, casque + lampe frontale. On nous précise que c'est une mine dite "chaude" (ce qui n'est pas le cas de toutes les mines de Potosi) et qu'il faut vraiment peu se vêtir sous la veste. Des étagères sont prévues pour y laisser pulls et sacs trop encombrants.
Voilà à quoi peut ressembler une équipe de mineurs...
On nous propose également d'acheter des foulards pour se protéger de la poussière ambiante sous terre. Nous avons emporté nos masques médicaux, ce sera nettement mieux...
Salle où sont préparées les lampes et stockées les bottes.
Plusieurs guides sont là et ils nous répartissent dans 3 groupes en fonction de la langue choisie pour la visite. Pour nous ce sera Espagnol. Ceux qui me connaissent seront surement surpris de ce choix, mais Camille préfère et maîtrise mieux cette langue, elle sera donc traductrice "officielle" sur cette sortie ! J'aime l'idée que les enfants "mènent la danse" parfois…
Notre guide sera Rolando, surnommé Fox. Une Danoise sera avec nous, personne d'autre. Fox parle lentement dans un espagnol assez scolaire et nous n'avons pas grande difficulté à le comprendre.
Notre second arrêt sera aux boutiques des mineurs. Nous y achetons, comme l'habitude le veut, des présents que nous descendrons dans la mine. Boissons, dynamite, feuilles de coca ou outils, selon les envies et le budget de chacun. Notre guide en profite pour nous faire un petit topo sur les risques dans la mine, l'utilisation de la dynamite, les outils utilisés, etc…
Aujourd'hui la plupart des exploitations appartiennent à des coopératives de mineurs. Les conditions de travail n'ont pas changé depuis l'époque coloniale et les quantités extraites étant faibles, elles ne devraient pas évoluer. Seul l'espoir de tomber sur LE filon pousse les mineurs à continuer.
Les hauteurs de la ville n'affichent absolument aucune trace de cette splendeur passée...
Nous nous arrêtons ensuite à l'usine de traitement du minerai. Les "cailloux" arrivent en vrac et, par une succession de traitements, on obtient le minerai d'argent en sortie d'usine. Il est ensuite exporté dans le monde entier.
Nous reprenons le minibus et le Cerro Rico, la montagne "riche", s'offre à nous.
C'est aux environs de 1545 que la ville fut fondée suite à la découverte du précieux minerai. Un indien cherchait désespérément ses lamas et alluma un feu à la nuit tombée. Sous l'effet de la chaleur le sol se mit à fondre, laissant apparaitre un liquide métallique argenté. On ne sait comment le filon tomba aux mains des Espagnols, mais une chose est sûre c'est que l'argent extrait finança rapidement l'Empire espagnol et Potosi devint la plus riche cité des Amériques. Quand le filon commença à s'épuiser au début du 19ème siècle, la pauvreté s'installa. Au cours du 20ème siècle la demande d'étain sauva la ville de l'oubli, et aujourd'hui zinc et plomb ont supplanté l'étain et sont au 1er rang des exportations nationales. L'argent n'est extrait qu'à très petite échelle.
Enfin, nous voilà arrivés à l'entrée de la mine proprement dite. Il y en aurait 200 sur tout le Cerro Rico.
Il n'y a que les 3 groupes du minibus qui sont présents. La visite de ces mines est assez controversée sur les différents forums ou dans les guides, et je m'attendais à trouver des dizaines de groupes, empruntant tous la même voie avec un effet "tourisme voyeurisme" prononcé. Je ne ressens pas du tout cette sensation ici, peut-être est-ce juste une exception.
Nous progressons très lentement une fois entrés sous terre. Les particules en suspension, les gaz, et la position courbée ne facilitent ni la marche ni la respiration. Sans oublier que tout ça se passe, quand même, à plus de 4000m d'altitude…
Notre guide a bien conscience que nous sommes avec des enfants et multiplie les pauses. Marine a du mal à respirer et la Ventoline fait rapidement sa sortie. Elle nous avouera en sortant qu'elle stressait un peu, mais qu'elle s'est dit que si d'autres l'avaient fait, elle pouvait le faire !
La visite est physique, nous enjambons les rails, courbons l'échine, évitons les wagonnets qui circulent encore, avec toujours beaucoup de prudence de la part de notre guide.
Avant de descendre au second niveau, Fox nous emmène devant El Tio, le dieu de la mine, le dieu des mineurs. Ils lui offrent feuilles de coca, alcool et cigarettes, et boivent en son honneur une gorgée d'alcool à 95° que nous fera gouter Fox !
2 autres statues ont pris place dans cet espace, notamment Francis Drake le corsaire.
Fox prend vraiment soin de nous, nous mettant en confiance avant la descente dans un boyau étroit, donnant accès au niveau inférieur.
Chaleur et poussière gênent vraiment la respiration. Le conduit est étroit, glissant, nous descendons sur les fesses ! Grosse sensation d'oppression pour moi, mais dès que je parviens à me remettre debout les choses s'arrangent.
Différents minérais sont visibles sur les parois alors que nous progressons dans les différentes galeries.
Cuivre, zinc et fer sont présents dans cette mine,
ainsi que des fibres ressemblant étrangement à des fibres d'amiante, mais qui n'en sont pas selon Fox... Ben reste dubitatif...
Au second niveau les mineurs chargent de cailloux d'énormes bourriches remontées avec une corde par les mineurs de l'étage supérieur. Ces bourriches seront ensuite vidées dans des chariots convoyés à l'extérieur de la mine. Les mineurs travaillent entre 8 et 12h sous terre, sans pause déjeuner, leur seule énergie vient de la coca qu'il machent à longueur de journée.
Nous progressons encore et descendons au 3ème niveau ; nous n'irons pas plus bas. Fox propose de monter "apprécier" la chaleur dans une poche au-dessus de nous. Seul Thom y montera et nous confirmera qu'on atteint facilement les 40°…
Tout au long de notre descente puis de notre remontée nous distribuons nos "présents" aux mineurs. Nous croisons le groupe "anglais" au niveau 3, ce sera le seul moment où nous les verrons. Certains jeunes ont abandonné la visite, incapables de supporter les conditions locales. Nous remontons par la même voix qu'à l'aller avec toujours autant de précautions.
Chargement des sacs sur les chariots qui seront ensuite déplacés à la main.
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